La politique de l'enfant unique et ses effets


Alors que le mariage est une institution bien ancrée dans les mœurs et qui a traversé les siècles, une mesure du PCC est venue modifier son organisation fondamentale : la politique de l'enfant unique. A partir du moment où le régime communiste a imposé aux familles de n'avoir qu'un seul enfant, il a involontairement changé le rapport de force entre les hommes et les femmes qui sont devenues moins nombreuses mais aussi plus exigeantes dans le choix de leur compagnon.



A) Le manque de femme


Afin de contrôler la démographie du pays, le gouvernement de la République Populaire de Chine a lancé deux politiques majeures de contrôle des naissances et donc de la population : la politique du wan xi shao (littéralement : « mariage tardif, naissances peu rapprochées et peu nombreuses »), lancée au début des années 1970 et visant à retarder l'âge légal du mariage, et en 1979 la politique de l'enfant unique (« politique du planning familial ») est lancée. Elle vise à limiter le nombre d'enfant par famille en le limitant à un, voire à deux depuis 2002 contre la somme de 5000 yuans (soit 510 euros et le quintuple du salaire moyen urbain). Les effets des deux politiques combinées sont immédiats, même si la population continue de croître, le taux de fécondité passe de 5,75 enfants en 1970 à 1,55 en 2012.

Propagande pour la politique de l'enfant unique

Or, dans la société chinoise il est plus souhaitable d'avoir un fils qu'une fille puisque c'est au garçon que reviendront les biens de la famille, le devoir d'honorer les ancêtres mais aussi et peut-être surtout, la tache de s'occuper des parents lorsqu'ils seront vieux, la femme devant traditionnellement vivre dans la famille de son mari. Entre une fille et un garçon comme enfant unique, les familles ont donc vite fait leur choix et un déséquilibre entre les naissances des deux sexes s'est instauré. Et malgré les efforts du gouvernement chinois pour promouvoir les filles, on parle maintenant dans le pays de sex-ratio déséquilibré : pour 100 filles nées, il y a 119 garçons. A l'échelle de la Chine entière, cela représente un manque de 60 millions de femmes.

Ainsi le rapport entre les hommes et les femmes se sont progressivement modifiés. Alors qu'auparavant c'était à la femme d'apporter une dote pour faire un bon mariage, aujourd'hui c'est à l'homme de payer pour trouver une épouse, se marier leur coûte désormais très cher, c'est souvent le résultat d'années d'économies personnelles et familiales (jusqu'à plus de 200 000 yuans soit 25 000 euros environ).



B) Vers une mercantilisation du mariage


Dans les années 70 une comptine populaire disait :


« Trente ou quarante yuan, n'y songe pas,
Cinquante ou soixante yuan, ça se discute,
Soixante-dix ou quatre-vingt-dix, oui sauf à un barbon,
Cent yuan et mieux, saute dessus ! »

L'argent avait alors déjà une place importante dans le choix du partenaire mais les sommes évoquées semblent désormais bien dérisoires.

Aujourd'hui, l'infériorité en nombre des femmes leur permet de développer des critères toujours plus exigeants dans la recherche de leur partenaire : en 2011, 92% d'entre elles requièrent un revenu régulier, 70% cherchent un homme qui possède un logement, 80% déclarent que pour être en position de trouver l'amour un homme doit gagner plus de 4000 yuans et 27% pensent même qu'il doit gagner plus de 10 000 yuans. On voit bien selon ces chiffres que l'argent et le niveau social sont des critères déterminants voire prédominants dans le mariage pour les femmes. Ces critères sont également très discriminants pour les hommes qui sont nombreux à ne pas pouvoir les remplir étant donné le coût d'un logement dans les villes et du salaire moyen (1200 yuans). Avec l'espoir d'un avenir meilleur et d'un avenir prometteur, certaines femmes fuient les campagnes pour rejoindre les villes, entraînant ainsi un système de trafic de femmes du Vietnam, Laos et de la Birmanie vers la Chine.

Cependant dans la Chine des villes, moderne, ce qui fait rêver les jeunes femmes de toutes les classes ce n'est pas le « Chinois moyen » mais les nouveaux millionnaires (environ un million) qui ont construit leur fortune sur l'ouverture économique du pays. On trouve de ce fait des cours pour apprendre à séduire et à épouser un homme riche, certaines n'hésitant pas à payer des sommes colossales pour trouver la perle rare. Le mariage semble donc être de plus en plus un problème d'argent et d'intérêts.


Les autres moyens pour trouver son âme sœur restent nombreux : les sites de rencontre sont très populaires en Chine et les « dating camps » ( courts séjours pour rencontrer l'amour) font l'objet d'un large engouement. Les parents des célibataires prennent également part aux recherches sur des places publiques où s'organisent une fois par semaine des marchés géants pour trouver le partenaire idéal à leur enfant ; l'exemple le plus éloquent étant le marché du mariage de Shanghai où, tous les week-ends depuis 2004, des milliers de parents viennent chercher le parfait gendre et la parfaite bru selon des critères bien précis comme l'âge, le poids, la taille, le signe du zodiaque, le travail et le salaire.


Pêcheuses de millionnaires : la recherche du partenaire idéal